Manque de concentration et TDAh
- Mélissa Briand
- 21 nov. 2019
- 4 min de lecture
Voici une question pour laquelle on m’interpelle très souvent : mon enfant serait peut-être TDAh ? Par ailleurs, de plus en plus d’adolescents se pose eux-même cette question après en avoir entendu parler dans les médias et demandent à consulter.
Mais tout d’abord, qu’est-ce que le TDAh ?
Voici un résumé d’après les grandes classifications du Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité :
• Un jeune inattentif et/ou impulsif et hyper actif
• Ce fonctionnement était présent avant ses 12 ans
• Cela s’observe dans différentes circonstances : pas qu’au moment des devoirs ou de débarrasser la table !
• C’est gênant au quotidien
• Ça ne s’explique pas mieux par autre chose (maladie, manque de sommeil, dépression, trouble anxieux, etc.), quand bien même cela y contribue
Ainsi, tous les gens qui manquent de concentration n’ont pas forcément un TDAh, mais les gens qui présentent un TDAh manquent tous de concentration, du moins théoriquement !
Pour avoir un TDAh, il faut donc rentrer dans ces cases et que le médecin, pédopsychiatre ou neuropédiatre, confirme qu’il s’agisse bien d’un TDAh… Idéalement, un bilan neuropsychologique et psychologique est demandé pour envisager les différents facteurs y participant.
Qu’est-ce qui cause le TDAh ?
Les causes du TDAh sont encore très mal appréhendées et semblent multiples.
Une origine cérébrale ?
L’une des théories actuellement dominantes est la thèse neurologique. Les structures préfrontales et les noyaux gris centraux semblent effectivement dysfonctionner d’après les études réalisées en neuroimagerie. On observe par ailleurs des symptômes très proches du TDAh lors de lésions cérébrales du cortex pré-frontal. Les fragilisations du cerveau en lien avec agent tératogène ou une prématurité sont aussi fortement corrélées à un plus grand risque de TDAh.
Néanmoins, certains remettent en cause cette hypothèse que beaucoup prennent pour acquises.
Des facteurs de vulnérabilité génétique ?
Certains scientifiques défendent aussi une hypothèse génétique. Quelques anomalies de l’ADN sont susceptibles d’engendrer un fonctionnement de type TDAh. Par exemple, l’anomalie du X-fragile provoque une hyperactivité en plus d’une déficience et de troubles autistiques. Mais dans les formes plus communes et légères de TDAh, on ne retrouve généralement pas d’anomalie génétique. Beaucoup pensent dès lors qu’il existerait plutôt une vulnérabilité génétique. L’épigénétique apportera sans doute d’autres éléments de compréhension de ce trouble dans l’avenir.
L’hérédité est nettement documentée. Néanmoins, il est difficile de dire si l’augmentation du risque de TDAh dès lors qu’un membre de la famille est touché s’explique par une hérédité d’ordre génétique ou par un mécanisme de copie et d’apprentissage.
L’influence de l’environnement socio-éducatif ?
Les problèmes socio-économiques ou éducatifs semblent aussi susceptibles d’augmenter le risque de développer un TDAh. On sait maintenant que l’excès d’écrans est globalement mauvais pour le développement de l’attention… Et on a tous en tête les conséquences d’un manque de sommeil sur l’attention du lendemain… Ainsi une bonne hygiène de vie est très importante.
L’impact de la sécurité affective ?
Les difficultés psychologiques peuvent à la fois être des facteurs et des conséquences d’un TDAh. Les enfants et adolescents sont plus susceptibles d’être diagnostiqués TDAh s’ils vivent des situations difficiles ou s’ils ont subi des traumatismes importants.
L’hypothèse d’une exposition précoce à des agents tératogènes ?
Des thèses défendent aussi l’impact de la pollution ou autres agents tératogènes, plus particulièrement durant la grossesse. Par exemple, la prise de tabac durant la grossesse semblerait augmenter le risque de TDAh chez l’enfant.
Quel est le parcours diagnostique du TDAh ?
Afin de se faire une vision plus précise de l’intensité du trouble ou des facteurs qui y participent, les médecins demandent souvent la passation d’un bilan neuropsychologique. Les psychologues spécialisées dans ce domaine peuvent par ailleurs donner des éléments importants concernant des psychopathologiques susceptibles de constituer une contre-indication à une médication par méthylphénidate, tel qu’un éventuel trouble de l’humeur sévère.
Les familles démarrent parfois aussi le parcours diagnostique par elles-mêmes, avec en première intention un bilan neuropsychologique.
ETAPE N°1 : le trouble attentionnel est-il significatif ?
Direction le psychologue spécialisé en neuropsychologie : tests d’attention !
ETAPE N°2 : le trouble est-il électif ?
Vous allez devoir réaliser un test de QI (si ça n’a pas déjà été fait à l’étape 1). Celui-ci vise à exclure d’autres troubles, dont un décalage de développement global comme une déficience intellectuelle. Le test de QI est aussi utile en cas de dossier MDPH éventuel.
ETAPE N°3 : quelque chose d’autre explique mieux le trouble attentionnel ?
Effectivement, il ne peut s’agir que d’un problème de vue qui fatigue votre enfant, ou d’un manque de sommeil… Bref, suivant les éléments qu’on soupçonne susceptibles d’expliquer autrement le trouble, le médecin vous orientera.
ETAPE N°4 : la pose du diagnostic par un médecin spécialisé
C’est généralement un médecin spécialiste qui posera le diagnostic (neuropédiatre et/ou un pédopsychiatre), après avoir exclu un manque d’attention exclusivement secondaire.
Dans certains cas, on parle initialement de TDAh, mais c’est avec le temps qu’on se rend compte qu’il entre dans un trouble plus large (trouble envahissant du développement, trouble de la personnalité, trouble de l’humeur, apnées du sommeil importantes…).
Comment aider un jeune avec problème d’attention ?
Les profils et les troubles éventuellement associés sont très larges. Il est ainsi difficile de donner des lignes de conduite générale aux parents. Si vous vous questionnez, aller voir un spécialiste, il vous aidera à mettre les choses en perspective et réfléchira à votre situation particulière.
Suivant la sévérité, le retentissement et les difficultés autres associées, les thérapies proposées sont variables. La motivation du jeune est par ailleurs essentielle. Elles peuvent donc être très intenses, comme pas du tout. Les prises en charge sont souvent pluridisciplinaires, mais pas toujours !
A mon niveau, il est possible d’aborder la situation par une approche remédiative ou psychoéducative.

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